Guide Accessibilité Linkedin
Apprends à créer des posts LinkedIn plus accessibles pour les personnes en situation de handicap.
Ce petit manuel a été créé par Cédric Liardet et Simon Vandaele. En avril 2024, Simon a publié un article intitulé « Les 8 erreurs courantes d’accessibilité des contributions sur LinkedIn ». Nous avons ensuite organisé le « Défi Accessibilité LinkedIn » dans le cadre de la Journée mondiale de sensibilisation à l’accessibilité du 16 mai 2024. L’idée : inviter les internautes à publier un post en suivant notre série de recommandations sur l’accessibilité.
Ce manuel reprend et complète les éléments de l’article de Simon et des instructions du défi. Nous avons sollicité plusieurs spécialistes en accessibilité pour affiner et corriger ces recommandations : Julie Moynat, Lison Fanuel et l'équipe Tanaguru, ainsi que Sophie Gounon. Un grand merci pour vos nombreuses contributions. Merci aussi aux personnes qui nous ont aidé, de près ou de loin, dans ce projet : Aurélie Gerber, Coryse Quibel, Laetitia Vitaux, Lucie Fradet, Sébastien Delorme et Sophie Drouvroy.
Avertissement. Il existe de nombreuses manières de créer un post le plus accessible possible. Ce guide présente une version restrictive pour deux raisons. D’abord, limiter les risques de faire des erreurs d’accessibilité quand on découvre le sujet. Ensuite, questionner la pertinence de certains artifices qu’on utilise par facilité alors qu’ils discriminent une partie des internautes. Pour autant, les éléments listés ci-dessous ne sont pas tous à éviter quand on maîtrise le sujet et qu'on sait les utiliser à bon escient. C’est pourquoi nous donnons des pistes pour aller plus loin et se former aux bonnes pratiques.
À noter que ces consignes n’abordent pas la question de l'accessibilité générale de LinkedIn sur laquelle nous n’avons pas la main. Les contenus sont parfois lisibles mais mal restitués. Une mauvaise restitution entraîne beaucoup de pénibilités. Imagine passer une journée à travailler sur Internet avec sans arrêt des répétitions ou mauvaises interprétations du contenu que tu consultes. Sans parler du fait que parfois tu ne peux même pas accéder au contenu ou service.
Dans ces conditions, l’enjeu est de chercher des compromis pour pallier le plus possible une plateforme qui ne permet pas intrinsèquement de créer des contenus accessibles. Notre aspiration est de discriminer le moins possible les personnes en situation de handicap tout en gardant un niveau d'information correct pour les personnes valides.
Sommaire
Typographie spécifique
Évite le gras, l’italique ou tout autre typographie fantaisiste. Il s’agit en réalité de « faux gras » et de « faux italique ». Le générateur de texte que tu utilises pour importer ce texte dans ton post ne produit pas des « vraies » lettres ni des « vrais » numéros mais des symboles mathématiques. Ces caractères Unicode font ressortir une partie de ton contenu mais ils sont mal restitués par les technologies d’assistance, voire pas du tout. Imagine la conséquence : les mots importants que tu voulais mettre en avant sont incompréhensibles ou ont même tout bonnement disparu ! Sur Linkedin, le « vrai « gras » et le « vrai » italique n’existent pas.
Pour aller plus loin :
- article de Julie Moynat sur le détournement des caractères Unicode
- article de Coryse Quibel sur le faux gras, faux italique et fausses colonnes
Mot en majuscule
Évite les mots écrits entièrement en majuscule. Ils peuvent ralentir la lecture et générer des difficultés supplémentaires de compréhension chez les personnes dyslexiques. Utilise le texte écrit entièrement en majuscule uniquement pour les sigles. Assure-toi aussi de mettre des accents sur les lettres majuscules quand tu en utilises.
Pour aller plus loin :
- article de Sophie Gounon sur les lettres capitales
Ecriture inclusive
Évite le point médian, point du bas et autre symbole qui distingue les terminaisons féminine et masculine. Ces symboles sont mal retranscrits par les technologies d’assistance et alourdissent la lecture. Il existe d’autres manières d’utiliser l’écriture inclusive comme des mots dont le son et l’écriture ne changent pas selon le genre.
Pour aller plus loin :
- post de Tanaguru sur l’écriture inclusive sans compromettre l’accessibilité
- article de Julie Moynat sur l’écriture inclusive et l’accessibilité numérique
Ligne constituée de tirets
Évite de créer des « fausses » lignes pour séparer visuellement le contenu au sein de ton post. Ces lignes sont souvent constituées d’une suite de tirets, d’astérisques ou autres caractères spéciaux. Certains lecteurs d’écran restituent l’ensemble des caractères. Imagine la pénibilité d’entendre une phrase puis « astérisque, astérisque, astérisque, astérisque, astérisque, astérisque, astérisque, astérisque, astérisque, astérisque. »
Même si tu utilises un seul tiret ou caractère spécial, tu ajoutes de l'information non pertinente qui peut induire la personne en erreur.
Lien hypertexte
Évite de placer les liens en commentaire. La personne qui cherche l’information doit fournir des efforts importants et parcourir les commentaires qui ne sont pas toujours affichés par ordre chronologique. De plus, les lecteurs d’écran vont lire beaucoup d’informations comme le prénom, le nom et la signature de chaque personne qui a écrit un commentaire. Ceci dit, cette recommandation d’éviter les liens en commentaire ne fait pas l’unanimité parmi les spécialistes du sujet.
Si tu partages un lien dans ton post, tu peux garder la vignette qui s’affiche automatiquement en-dessous du post. Le lien de la vignette dispose d'un intitulé qui reprend notamment le titre de la page web partagée. Cette information permet de rassurer la personne qui utilise un lecteur d’écran en lui indiquant ce que contient le lien. Si tu partages plusieurs liens dans ton post, il est plus judicieux d’enlever la vignette car les gens risquent de ne cliquer que sur la vignette et passer à côté des autres liens.
Image
Évite les Gifs animés car ils peuvent causer des difficultés de navigation pour les personnes avec des troubles de l’attention et provoquer des crises d’épilepsie chez les personnes photosensibles.
Apprends à distinguer les images décoratives, illustratives et informatives. Une image décorative n’apporte aucune information supplémentaire à ton post. Si tu la supprimes, il n’y a pas de perte d’information. Une image illustrative apporte une information supplémentaire à ton post et une image informative aussi mais elle est plus fournie. Les images illustratives et informatives sont indispensables pour comprendre ta publication dans son ensemble. Si tu les supprimes, il y a une perte d’information.
Évite les images décoratives. Linkedin associe automatiquement son propre texte alternatif avec l’image. Ce texte sera restitué par le lecteur d’écran alors qu’il devrait rester vide pour ne pas donner d’information imprécise et perturbante aux personnes qui utilisent un lecteur d’écran. De plus, toutes les images sur Linkedin sont dans un bouton ou dans un lien qui permettent de les afficher en grand. Une image présente dans un bouton ou un lien ne doit jamais être considérée comme étant décorative. Si tu tiens malgré tout à utiliser une image décorative, une option, non recommandée, est d’indiquer « image décorative » dans le texte alternatif. Tu peux écrire ce texte lors de l’import de l’image en cliquant sur « ALT ». Malheureusement, cette information risque de générer de la frustration chez les personnes aveugles qui sauront que l’image est là mais sans être au courant de quoi il s’agit. Une autre option est de décrire brièvement ce que l’image contient, même si encore une fois ce n’est pas idéal.
Si tu utilises une image illustrative, intègre un texte alternatif pour décrire l’information contenue dans l’image. La rédaction d’un texte alternatif pertinent demande une certaine expertise car il doit reprendre une information similaire à celle véhiculée par l’image, sans perdre ou déformer la signification de l’image. Il ne s’agit pas non plus de décrire ce qu’il se passe dans l’image, sauf si c’est indispensable pour comprendre le message véhiculé dans la publication. Si l’image contient du texte non décoratif, l’idéal est d’inclure ce texte dans le post pour que tout le monde puisse le lire.
Si tu utilises une image informative, intègre aussi un texte alternatif pour décrire l’information contenue dans l’image. Si cette image contient beaucoup d’informations (comme une infographie) alors ton post devra reprendre tout le contenu de ton infographie et le texte alternatif devra expliquer qu’il s’agit d’une infographie qui reprend le contenu du post.
Par prudence, évite d’utiliser des images si tu ne maîtrises pas toutes ces questions.
Pour aller plus loin :
- article de Coryse Quibel sur la publication d’image accessible sur les réseaux sociaux
- article d'Atalan sur l’utilisation d’image de manière accessible
- article de Loriane Buffet et Julie Moynat sur le partage d’image de façon accessible
- page en anglais de W3C avec un arbre décisionnel pour rédiger un texte alternatif
Vidéo
Évite de joindre une vidéo à ta publication. Si tu en utilises malgré tout, assure-toi qu’elle contient une audiodescription et des sous-titres accessibles avec des outils d’assistance ainsi qu’une transcription textuelle accessible dans la publication.
Une audiodescription est un texte en voix off qui décrit les éléments visuels de la vidéo. C'est un travail qui nécessite un savoir-faire technique important. N'importe qui ne peut pas le faire. Si tu ne maîtrises pas la question, il est préférable de faire une transcription textuelle qui reprend l’ensemble des contenus sonores et des informations visuelles permettant de comprendre l’action.
Les sous-titres doivent être simples et sobres avec un affichage phrase par phrase et sans effet visuel. Par exemple, les mots qui changent de couleur au rythme de la parole sont à proscrire. Le texte doit être lisible et apparaître de manière suffisamment contrastée par rapport au fond, à tout moment de la vidéo et quel que soit le fond. Évite les mots écrits entièrement en majuscules. Attention aux outils de sous-titrage automatique qui font souvent des erreurs : corrige les fautes avant de publier la vidéo.
Comme pour les images, rendre une vidéo accessible demande une certaine expertise. Par prudence, évite d’utiliser des vidéos si tu ne maîtrises pas ces questions.
Pour aller plus loin :
- article de Coryse Quibel sur les vidéos et contenus sonores sur les réseaux sociaux
Carrousel
Évite d’utiliser un carrousel. Pour rendre un carrousel le plus accessible possible, tu as besoin de maîtriser plusieurs choses comme le niveau de contraste des éléments graphiques, la mise en forme du texte, la structure du contenu, les alternatives aux images et aux textes, ou encore le balisage du document.
Par prudence, évite d’utiliser des carrousels si tu ne maîtrises pas ces questions.
Pour aller plus loin :
- article de Coryse Quibel sur les carrousels LinkedIn
- post de Tanaguru sur l'accessibilité et les carrousels
- série de 3 posts d’Armony Altinier sur l'accessibilité et les carrousels :
Liste à puce
Évite les listes à puce dans la mesure du possible car elles ne sont pas gérées par Linkedin. La personne qui utilise un lecteur d’écran ne sait pas combien d’éléments sont décrits dans la liste, si elle les a tous lus et où elle en est.
Si tu as vraiment besoin d’une liste pour mieux présenter l’information, distingue les listes ordonnées et non ordonnées. Une liste ordonnée décrit une progression logique comme des étapes dont l’ordre a de l’importance (une recette de cuisine par exemple). Dans ce cas, place un numéro (1, 2, 3) au début de chaque occurrence. Dans une liste non ordonnée, l’ordre des éléments n’a pas d’importance. Dans ce cas, utilise des tirets ou éventuellement des puces à condition d’utiliser le bon caractère •.
Pour les deux types de listes, tu peux préciser en introduction le nombre d’éléments que la liste contient mais ce n’est pas obligatoire en terme d’accessibilité. Dans tous les cas, évite les émojis et tout autre caractère spécial comme les fausses puces. Évite aussi de faire des « fausses » listes sans numéro ni tiret, par exemple un enchaînement de phrases à la ligne.
Emoji
Évite les émojis, à moins de maîtriser les bonnes pratiques, car ils peuvent brouiller le message du post s'ils sont mal utilisés. Si tu en utilises, par exemple pour véhiculer des émotions difficiles à décrire avec des mots, fais-le avec parcimonie. Par prudence, place-les à la fin des phrases, pas au début ni au milieu. Évite d’en mettre plusieurs à la suite. Ne remplace jamais un mot, un chiffre ou une ponctuation par un émoji. Assure-toi que le message a du sens sans émoji.
Pour aller plus loin :
- article de Coryse Quibel sur l'accessibilité et les émojis
Hashtag
Évite les hashtags, à moins de maîtriser les bonnes pratiques, car ils peuvent rendre le message du post incompréhensible pour certaines personnes en situation de handicap. Si tu en utilises, mets-les tout à la fin du post et jamais en remplacement d'un texte. De préférence, un hashtag contient un seul mot. S’il en contient plusieurs, mets une majuscule au début de chaque mot. Exemple : #GuideAccessibilité. Pour améliorer la lisibilité, accentue les caractères : #Accessibilité et non #Accessibilite.
Pour aller plus loin :
- article de Coryse Quibel sur l'accessibilité et les hashtags
Ligne vide
Limite l’utilisation de lignes vides. Pour créer une ligne vide, tu appuies deux fois sur la touche entrée du clavier. Ce double retour à la ligne génère une ligne vide qui aère ton post et le rend plus agréable à lire aux personnes dyslexiques par exemple. Par contre, les lignes vides posent des problèmes avec certaines technologies d’assistance. Par exemple quand une synthèse vocale prononce le mot « vide » à chaque ligne vide ou quand une plage braille affiche chaque ligne vide. Trouve donc un compromis pour aérer ton texte avec des lignes vides mais sans en abuser. Exemple : une ligne vide entre deux paragraphes longs et complets.
L’enchaînement de plusieurs lignes vides l’une au-dessus de l’autre est à éviter totalement.
Résumé
Créer des posts plus accessibles sur LinkedIn est possible à condition de respecter certaines règles de base. Voici notre synthèse.
Éléments à éviter d’une façon générale :
- faux gras, faux italique et typographies spécifiques
- mots écrits entièrement en majuscule
- symboles qui distingue les terminaisons féminine et masculine
- lignes constituées de tirets ou autres caractères spéciaux
- lien en commentaire
- Gif animé
- image décorative
- multiples lignes vides
Éléments à éviter à moins de maîtriser les bonnes pratiques en terme d’accessibilité :
- image illustrative
- image informative
- vidéo
- carrousel
- liste à puce
- émoji
- hashtag